Histoire de Garches - Le 7ème Art !
Le cinéma nait à la fin du XIXe siècle. Différentes personnalités et objets sont liés à sa création :
En 1891, Thomas Edison et William Kennedy Laurie Disckson inventent la première caméra. Ils sont également les inventeurs de l’appareil permettant de visionner les films. Cependant, l’invention du cinéma est communément attribuée aux frères Lumière car ils sont à l’origine du premier appareil permettant à la fois la prise de vue et le visionnement. Le retentissement est tel lors de la projection au 14 boulevard des Capucine (atelier d’artiste) le 28 décembre 1895, que cette date est choisie comme la date de naissance du septième art.
Ce n’est pas tant les caractéristiques techniques de l’invention du cinéma qui vont nous intéresser dans le présent article, que l’histoire des lieux permettant la diffusion des films ainsi captés. En effet, très rapidement, dès le début du XXe siècle, le cinéma devient un spectacle populaire et il n’y a pas une année sans production cinématographique.
S’intéresser à la façon dont le cinéma acquiert ses propres lieux de diffusion et observer le lien qui uni les garchois à ces lieux, permet de mieux appréhender le rapport de la population à cet art.
Le cinéma dans les lieux de diffusions culturelle
Entre 1895 et 1914, les projections ne se font pas dans des salles dédiées exclusivement au cinéma mais dans d’autres lieux de diffusion culturelle comme les théâtres, cafés concerts, music-hall, casinos, théâtre forains… Les premières salles ouvrent à Paris, par exemple le « Cinéma-Théâtre » de Lucien Vives qui fut ensuite racheté par Gaumont.
A Garches, les premières autorisations de projeter des films (conservées aux archives communales), sont délivrées par la mairie dans les années 1930. M. Vaillant obtient le 9 janvier 1937 l’autorisation de projeter ses films dans le Café du Roi Soleil de Mme. Zabe qui se situait rue de Buzenval. Ils ont installé une salle de cinéma accolée au café-restaurant.
Plus surprenant encore, certaines autorisations sont délivrées pour projeter des films dans les cours d’immeubles au printemps comme dans la cour de l’immeuble de M. Gazeau, 119 rue de Buzenval, ou différentes personnes projettent leurs films entre 1937 et 1939.
Les premières salles de cinémas à Garches
Garches eu trois salles de cinéma permanentes qui ont ouvert quelques années avant la seconde guerre mondiale. L’une d’elle, Les Tilleuls, ferme dès le début de la guerre. Les deux autres : l’Olympia (4 rue Athime Rué) appartenant à Monsieur Saintot et le Select (3 avenue Henri Bergson), appartenant à la famille Lelong, ont toutes deux été rachetées par l’entreprise MERITE-FLAVIGNARD en 1959.
Le Select proposait 400 places en 1941, tandis que l’Olympia en proposait 300 en 1947. 700 places de cinéma environ pour une ville de 9000 habitants à l’époque, représente 12 places pour 1 habitant : l’engouement autour du cinéma était important.
En 1968, l’Olympia ferme car il est en très mauvais état. Sa parcelle doit être rachetée par la ville qui ambitionne de réaménager le centre-ville pour lui donner l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui.
Le Select ferme et est démoli au milieu des années 1970.
La règlementation dans les salles de cinéma
La sécurité dans les cinémas était prise très au sérieux notamment à cause des risques d’incendie dû aux bobines hautement inflammables. Ainsi, dès les années 1930, l’Etat règlemente la gestion des établissements cinématographiques et la sécurité dans les salles de cinéma. De plus, les cinémas itinérants aussi appelé « installations foraines » tels que celui de M. Vaillant sont soumises à autorisation préfectorale ou communale. A Garches, l’autorisation de la ville n’est donnée qu’après consultation de l’architecte communal, M. Tinlot, qui pouvait demander quelques travaux.
A partir des années 1930, des commissions consultatives de sécurité sont créées et les salles de cinémas fixes sont concernées. Ce sont des visites régulières qui donnent lieu à des obligations de travaux pour veiller à la sécurité des spectateurs. Lors de ces commissions étaient présents : un conseiller municipal représentant la ville, un Officier-Commandant de la Compagnie des Sapeurs-Pompiers et l’architecte communal.
Les cinémas itinérants sont également soumis aux autorisations communales accompagnées de la règle de ne pas gêner le voisinage et donc d’une interdiction d’utiliser les « machines parlantes » après 22h. Le cinéma itinérant dans la cour de M. Delfour fit certainement naitre des doutes à la municipalité concernant le respect de cette dernière règle ce qui a amené les locataires voisins, se sentant concernés par la menace de leur loisir, à réaliser une pétition disant qu’ils sont « pour le cinéma installé dans la cour de monsieur Delfour ». Ils ont certainement obtenu gain de cause car un agent de police est envoyé sur place et ne relève aucune entorse à la règle d’après son rapport de police de 1939.
Occupation allemande et salles de cinéma garchoises
Pendant l’Occupation allemande, les cinémas doivent répondre à de nouvelles règles.
La censure, omniprésente, impose aux propriétaires de cinéma, des listes de films autorisés, non autorisés ou des films dont certaines parties seulement doivent être censurées. Ces listes sont transmises par le préfet de Seine-et-Oise, l’ancien département, aux sous-préfets et aux maires qui devaient les transmettre aux directeurs de salles de cinéma mais également aux différents corps de police et de gendarmerie.
A Garches, la guerre pousse le conseil municipal à délibérer le 27 février 1943. Il impose la présence de deux pompiers à chaque séance, car il estime que : « trop de prudence même ne pourraient pas être blâmée : bombardement, incendie, etc…, et puis, un des pompiers peut se trouver lui-même souffrant, ou obligé de s’occuper d’un malade, d’un blessé, le reconduire, alerter l’ambulance, etc… il n’existerait donc plus aucun recours si un deuxième pompier était maintenu. Cette décision s’applique aux deux cinémas de la ville ».
Pendant cette période troublée, le cinéma Le Select est rappelé à l’ordre par la Kommandatur qui estime que son horaire de fermeture est trop tardif et que ça empêche les spectateurs de respecter le couvre-feu.
Le cinéma devient un loisir indispensable dans la vie des populations. L’exemple de Garches démontre sa popularité : plusieurs salles ouvrent à Garches, en parallèle des cinémas ambulants ; il donne lieu à des pétitions quand il est menacé ; il subsiste malgré la guerre, puis l’occupation et ses privations.
Entre la fermeture du Select (après 1972) et la construction de la première salle de cinéma dans le centre culturel Sidney Bechet en 1993, la ville de Garches fut privée de cinéma, mais l’engouement est vite revenu puisqu’en 1999 c’est une seconde salle de cinéma qui est construite au centre culturel, des salles de cinéma que les garchois fréquentent encore aujourd’hui assidument !
Sources
Vue intérieure de la salle du cinéma l’Olympia, photographie en noir et blanc, 1945.
Vue de la façade du cinéma Le Select, photographie en noir et blanc, 1970.
Vue du cinéma Le Select dans la rue Henri Bergson, photographie en noir et blanc, 1970.