Camille Claudel

Camille Claudel naît le 8 décembre 1864 à Fère-en-Tardenois (Aisne). Elle est l’aînée d’une fratrie de trois enfants. À l’âge de 12 ans, elle modèle ses premières figurines en terre. Son père, troublé par cette vocation si précoce, demande conseil au sculpteur Alfred Boucher. Le sculpteur lui enseigne les rudiments de la sculpture et lui prodigue des conseils. Mais la vocation de la jeune fille oppose ses parents. Femme et sculpteur sonnent comme un défi en cette fin du XIXe siècle.

En 1881, la famille s’installe à Paris et Camille suit des cours de sculpture à l’académie Colarossi. En 1882, elle loue son 1er atelier ou elle poursuit son travail, encadrée par A. Boucher. Le Prix du Salon de 1882 lui offrant l’opportunité d’un voyage d’étude en Italie, Boucher part pour Florence. Rodin accepte de prendre le relais de son ami.

Rodin bénéficie depuis 1880 d’un atelier au Dépôt des marbres de l’État et de la possibilité d’embaucher des aides et des praticiens. Il est séduit par le tempérament fougueux et par le talent exceptionnel de sa nouvelle élève. En 1884, elle entre dans son atelier comme praticienne et devient rapidement sa collaboratrice, sa maîtresse, son modèle et sa muse. L’influence du maître transparaît dans les travaux personnels de Camille Claudel. Cette relation fusionnelle et tourmentée marquera à jamais les deux artistes.

À l’Exposition universelle de 1889, Camille Claudel découvre l’art d’Extrême-Orient en compagnie de Claude Debussy. La même année est créée la Société nationale des beaux-arts, dont Rodin est membre fondateur. Elle organise son propre Salon, où Camille Claudel expose le Buste de Charles Lhermitte (n° 4189). En 1891, elle devient membre du jury de la Société nationale des beaux-arts.

À partir de 1893, Camille Claudel s’éloigne de Rodin et s’isole dans son travail, exaspérée par les critiques, même les plus élogieux, qui s’empressent de rapprocher son travail de celui de son maître. Elle s’engage dans de nouvelles directions et commence les « croquis d’après nature », inspirés du quotidien. Néanmoins, Rodin, au faîte de sa carrière, continuera discrètement à la soutenir dans le milieu artistique ainsi que financièrement.

En 1895, Camille Claudel reçoit deux commandes : en janvier, Clotho en marbre pour commémorer le banquet donné en l’honneur de Puvis de Chavannes, puis, en juillet, sa première commande par l’État : L’Â​ge mûr. En définitive, l’État n’honorera pas sa commande pour des raisons obscures. Quant à la Clotho, le marbre disparaîtra étrangement du musée du Luxembourg.

En 1896, Camille Claudel rencontre la comtesse de Maigret, qui sera sa principale mécène jusqu’en 1905.

En janvier 1899, Elle installe dans l’île Saint-Louis, son dernier logement atelier où elle vit et travaille recluse. Elle est en pleine possession de son art. En juin, le bon de commande pour le bronze de L’Â​ge mûr est rédigé puis annulé dans des conditions obscures. Camille Claudel tient Rodin pour responsable.

Sa dernière participation au Salon de la Société nationale des beaux-arts date de 1902. A partir de 1903, Camille Claudel expose soit au Salon des artistes français, soit au Salon d’automne.

Sa rencontre avec le marchand-éditeur Eugène Blot (1857-1938) permettra la diffusion de l’œuvre de Camille Claudel. Cette rencontre est capitale pour la pérennité de l’œuvre de l’artiste quand on connaît les destructions qu’elle fera subir à ses sculptures dans les moments de détresse.

De retour de Chine en avril 1905, Paul Claudel publie, en juillet, l’article « Camille Claudel statuaire », dans le journal L’Occident.

En décembre 1905, Eugène Blot lui consacre une exposition dans sa galerie. Au cours de la soirée suivant l’inauguration, Camille Claudel s’emporte et son comportement fait scandale. La violence de son attitude, ses démonstrations choquantes l’éloignent de ceux qui sont restés ses amis, ses proches.

Après le départ de son frère Paul pour la Chine en 1906, Camille Claudel cesse toute activité créative et entreprend la destruction de ses sculptures. Des crises de paranoïa délirante, centrées sur « la bande à Rodin », affectent sa création jusqu’à la tarir. Camille Claudel est internée le 10 mars 1913 pour le restant de ses jours.

Camille Claudel meurt le 19 octobre 1943 à l’âge de soixante-dix-huit ans. Elle est inhumée au cimetière de Montfavet dans une tombe provisoire avant que sa dépouille ne soit transférée dans la fosse commune.